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L'Inspecteur Colombe

Qui a tué la femme du 4e?

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Frédéric B

Personnage:

-L'Inspecteur Colombe: en imperméable, toujours des remarques sur son fameux flair.

-Le Capitaine Jacob: barbe, moustache et cheveux blancs.

-Watson: très digne.

-Harris: mal rasé.

-Madame Acaroni Patricia

-Monsieur Jacques Cuze

-Monsieur Aimé Pier

 

Décor:

Bureau d'un commissariat, 3 bureaux, au centre celui de Colombe, face au public, à droite celui de Harris et à gauche celui de Watson, tous les 2 en vis à vis, de profil. A gauche, porte du Capitaine Jacob, à droite, porte d'entrée du bureau. Au fond, 2 fenêtres. Watson dort sur son bureau, Harris est absent. Le Capitaine rentre par son bureau.

 

LE CAPITAINE: Inspecteur Colombe!

INSPECTEUR COLOMBE: Bonjour, Capitaine! Vous allez bien?

LE CAPITAINE: Oh, dure journée! Bon, mais je ne suis pas là pour parler santé...

INSPECTEUR COLOMBE: Une nouvelle affaire?

LE CAPITAINE: Oui, une nouvelle! Pour changer...

INSPECTEUR COLOMBE: Oh moi, vous savez... J'aime pas trop les changements. J'ai mes petites habitudes.

LE CAPITAINE: Ce n'est pas bon pour le moral de rester cantonné dans un train-train quotidien.

INSPECTEUR COLOMBE: Oh, vous savez, j'aimais bien l'affaire du fou qui bariolait les casernes de toutes les couleurs.

LE CAPITAINE: Ah oui! Le Guerrier à l'Arc-en-ciel!

INSPECTEUR COLOMBE: Exactement! Et bien, je l'ai traitée 3 fois, celle-ci. Et bien, chaque nouvelle piste m'a mené à un nouveau coupable. Le 1er était un homme jeune en vacance à la caserne. Il passait ses journées à poser des bombes de peintures un peu partout.

LE CAPITAINE: Oui, tout juste!

INSPECTEUR COLOMBE: Et le deuxième, vous vous en souvenez? Le deuxième?

LE CAPITAINE: Je crois, si je ne m'abuse, que c'était un agent de la D.S.T.!

INSPECTEUR COLOMBE: Exact! Il faisait parti du Département Shampooing et Teinture à la caserne. Il détournait ses colorants contre les murs pour ses propres besoins.

LE CAPITAINE: C'est y pas malheureux de détourner ainsi l'argent des contribuables. Et le troisième? Je ne me souviens plus?

INSPECTEUR COLOMBE: Mais si! Le troisième était une personne extérieure à l'armée qui venait tous les samedis de 13 à 14h30 au bureau du Colonel Lastic pour tamponner des documents Top Secret. On ne sait pas comment il se procurait la peinture mais on sait que c'était lui. On a des preuves, des photos à l'appui.

LE CAPITAINE: Ah oui! Je m'en souviens!

INSPECTEUR COLOMBE: Mais on n'a jamais pu l'arrêter. Il a en effet beaucoup de chance. Nous ne travaillons pas les samedis de 12h30 à 15h pour pause repas dominicale.

LE CAPITAINE: Et il n'est jamais revenu?

INSPECTEUR COLOMBE: Si! Mais pas en semaine, uniquement le samedi. On a bien essayé de le coincer à l'entrée où à la sortie, mais il arrive toujours à 12h45 et repart à 14h45. Il nous file, pour ainsi dire, toujours entre les doigts.

LE CAPITAINE: Ah, c'est moche! Mais peut-être un jour commettra t'il une bévue en venant en semaine ou en prenant du retard...

INSPECTEUR COLOMBE: Je l'espère! Aussi ai je placé une unité en faction près de la caserne. S'il fait cette erreur, comptez sur nous alors pour le coffrer!

LE CAPITAINE: Je n'en doute pas! Mais à quand remonte cette affaire?

INSPECTEUR COLOMBE: Oh, à deux ans environ, Capitaine!

LE CAPITAINE: Et vous n'en avez pas assez de travailler toujours dessus? Que diable! Trois coupables dont deux sous les verrous pour une seule et même enquête, c'est un bon résultat.

INSPECTEUR COLOMBE: Merci, Capitaine! Mais j'ai fait mieux! Rappelez vous l'affaire des authentiques falsifications des vraies fausses factures en réalité fictives! J'en ai trouvé une bonne vingtaine dont douze sont écroués. Le premier était...

LE CAPITAINE: Bon! Bon! Mais cela nous éloigne de la présente investigations.

INSPECTEUR COLOMBE: Oh, j'ai bien une autre piste sur le guerrier à l'arc-en-ciel. Des services secrets étrangers auraient...

LE CAPITAINE: Non! Non! Je parle de cette nouvelle enquête!

INSPECTEUR COLOMBE: Oui, mais l'ancienne!?

LE CAPITAINE: Laissez tombez! Vous vous attaquez à trop gros! Alors que celle-ci est toute simple. Et puis l'autre a déjà deux ans... Celle-ci est récente. Celle-là a déjà trois coupables et celle-ci n'en a aucun.

INSPECTEUR COLOMBE: Voyons! (Il prend le dossier.) Un meurtre? Oh non, c'est d'un commun.

LE CAPITAINE: On ne vous demande pas de juger mais de résoudre les énigmes que l'on vous soumet.

INSPECTEUR COLOMBE: Soit! Mais enfin, avouez! Un meurtre! Je lis: "Une femme est morte chez elle au quatrième étage d'un coup à la tempe." Banal!

LE CAPITAINE: Banal ou pas, vous enquêtez!

INSPECTEUR COLOMBE: Bien, Capitaine!

LE CAPITAINE: Sur ce, je vous laisse! J'ai un rendez-vous avec une ambassade à propos de deux époux factices. Bonne chance, Colombe!

(Il sort par la porte d'entrée à droite.)

INSPECTEUR COLOMBE: Merci, Capitaine! Pfff! Bonne chance! Elle va être vite réglée. Watson! Eh! Watson! Tu dors?

WATSON: Hmm! Quoi?

INSPECTEUR COLOMBE: Mouais! C'est évident, mon cher Watson! Tu dormais!

WATSON: C'est à dire que j'ai du sommeil en retard. De plus je ne mange pas très équilibré ces temps ci...

INSPECTEUR COLOMBE: Bon! Quand t'auras fini de jouer au docteur, tu lèveras ton cul de ta chaise et t'iras me glaner des informations sur le voisinage et la possibilité d'avoir des témoins de ce crime.

WATSON: (En lisant le dossier.) Un meurtre!? Oh non! N'y aurait il pas autre chose à se mettre sous la dent?

INSPECTEUR COLOMBE: On n'a que ça!

WATSON: Mais cela va me donner des aigreurs d'estomac!

INSPECTEUR COLOMBE: Qu'est ce que je t'ai dit y'a pas cinq minutes?

WATSON: De ne pas me prendre pour un généraliste! Mais Inspecteur, j'ai fait des études en médecine pendant trois ans...

INSPECTEUR COLOMBE: (En même temps) études en médecine pendant trois ans. Je sais, je sais!

WATSON: Et la piste des services secrets...

INSPECTEUR COLOMBE: Annulée! Trop brûlant!

WATSON: Bien sûr! Et ce sont encore les journalistes qui vont nous coiffer au poteau.

INSPECTEUR COLOMBE: Allons! Allons! Je n'y suis pour rien! Ca ne me fait pas plus plaisir qu'à toi mais ce sont les ordres.

WATSON: Soit! J'y vais! Mais je ne trouve pas ça très folichon.

( Il s'en va par la porte d'entrée.)

INSPECTEUR COLOMBE: Voyons! Je vais consulter le fichier sur des affaires similaires. Voyons, voyons! Ah, j'en tiens un! Ah non. C'était un choc à la nuque. Ca peut pas être le même gars. Mon flair me dit que non! Cherchons encore! Celui-là peut-être? Non, non. La victime était une fillette, pas une femme. Ah, voilà! Je le tiens. Meurtre d'une femme par un coup à la tempe. Aucune indication de son lieu de résidence. Harris! Harris!

HARRIS: (Il entre par la droite.) Ouais, chef!?

INSPECTEUR COLOMBE: retrouve-moi la trace de ce gars là sur l'ordinateur. Foupahune. F.O.U.P.A.H.U.N.E. Jean. Tu as noté?

HARRIS: Ouais chef! On va partir à sa r'cherche?

INSPECTEUR COLOMBE: C'est cela, Harris.

HARRIS: Si on l'trouve, on l'bute?

INSPECTEUR COLOMBE: Non! On le ramène! Soit pas si brutal! Comment veux tu avoir ta promotion comme ça?

HARRIS: J'sais pas, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Tu veux devenir inspecteur? L'Inspecteur Harris!

HARRIS: Ben ouais, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Bien! Alors il faut que tu te calmes, Harris!

HARRIS: OK, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Maintenant, file faire ce que je t'ai demandé!

HARRIS: OK, chef! (Il s'en va par la droite.)

INSPECTEUR COLOMBE: Voilà, j'ai mon suspect. Reste à le localiser. C'est que pour l'arrêter, il faut bien le trouver. Si on peut soupçonner quelqu'un sans savoir où il est, on ne peut pas pour autant le juger.

HARRIS: (Il revient.) Ca y est, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Quoi?

HARRIS: Ben, Jean Foupahune, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Ca, je sais!

HARRIS: Non, où il crèche ce Foupahune! Chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Aaah! C'est trop fort, Harris, ça! J'avais compris de travers. Un peu plus et les épices me montaient au nez! Bon, enfin! Où?

HARRIS: Au cimetière, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Voilà qui se corse!

HARRIS: Non chef, pas en corse. Celui de la ville!

INSPECTEUR COLOMBE: J'avais compris. Alors quoi? Il est fossoyeur!

HARRIS: Non, pas fossoyeur! C'est un macabé, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Un ma... Il est mort? Quand?

HARRIS: En... (Il regarde son papier) En 1925, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: En 1925? Tu es sûr de ne pas t'être trompé dans l'année?!

HARRIS: Ouais chef! J'me suis pas gouré! En 1925!

INSPECTEUR COLOMBE: (Il regarde la feuille.) Mais bien sûr! C'est évident! Le meurtre avait eu lieu en l'année 1889. Ah, ce n'est donc pas lui, mon assassin! Mon flair me l'avait bien dit!

HARRIS: Heu... Pourquoi ça ne peut pas être lui, chef?

INSPECTEUR COLOMBE: Mais réfléchis un peu! Y'a pas que le revolver dans la vie, Harris! L'intelligence, ça existe!

HARRIS: Ben...

INSPECTEUR COLOMBE: L'affaire a eu lieu en 1889. L'homme est décédé en 1925. Or le meurtre qui nous intéresse s'est passé hier. Alors?

HARRIS: Alors chef?

INSPECTEUR COLOMBE: Mais enfin, ça peut pas être lui puisqu'il était dans la nécropole.

HARRIS: Ah ben ouais, chef! C'est clair! Il pouvait pas être à deux endroits à la fois, à la chambre de la dame et dans la nécrochose en même temps.

INSPECTEUR COLOMBE: D'autant plus qu'il est mort!

HARRIS: Bon ,alors je vais vérifier son alibi? J'vais interroger ses voisins pour voir s'ils confirment ses dires?

INSPECTEUR COLOMBE: C’est ça, Harris ! C’est ça !

HARRIS: J’y fonce !

INSPECTEUR COLOMBE: Harris! Mon cher Harris!

HARRIS: Ouais, chef?

INSPECTEUR COLOMBE: Il est mort depuis bien longtemps, bien avant l'assassinat.

HARRIS: Ah?

INSPECTEUR COLOMBE: Ses voisins sont eux aussi morts.

HARRIS: Il les a tués?

INSPECTEUR COLOMBE: Harris! Ca ne peut pas être lui!

HARRIS: Heu...

INSPECTEUR COLOMBE: Fais moi confiance, va!

HARRIS: Ah, vous êtes fort, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Mon flair, c'est tout! Le flair fait cinquante pour cent d'un bon policier.

LE CAPITAINE: Colombe! Vous avez une piste?

(Il est rentré dans le bureau par la porte de son bureau!)

INSPECTEUR COLOMBE: J'en avais une, Capitaine. Harris a fait le reste!

LE CAPITAINE: Ah! Harris?

HARRIS: Jean Foupahune, Cap'taine!

LE CAPITAINE: Pardon?

INSPECTEUR COLOMBE: C'est le nom du quidam, Capitaine. Foupahune Jean.

LE CAPITAINE: Ah, bon!

HARRIS: Mais c'est pas lui, Cap'taine!

LE CAPITAINE: Ah, bon?

HARRIS: Il est mort, Cap'taine! Et ses voisins aussi!

LE CAPITAINE: Ah? Bon!

HARRIS: En 1925! Ca pouvait donc pas être lui, rapport à son alibi!

LE CAPITAINE: Ah bon! Evidemment, en 1925!

HARRIS: Ouais, Cap'taine! Encore que j'avais pas tout compris de suite.

LE CAPITAINE: Ah, Harris! Heureusement que vous êtes un excellent tireur!

HARRIS: Merci! Cap'taine!

LE CAPITAINE: Bon, bon! Colombe! Il faut persévérer!

INSPECTEUR COLOMBE: Oui, Capitaine! J'ai d'ailleurs envoyé Watson glaner des informations. Et mon flair me dit qu'il ne reviendra pas les poches vides!

HARRIS: Heu... Qu'est ce qu'il va acheter, Watson? Chef?

INSPECTEUR COLOMBE: C'est une image, Harris! Le pauvre, il ne comprend rien!

LE CAPITAINE: Bon! Bon! C'est bien! Continuez! (Il retourne dans son bureau.)

INSPECTEUR COLOMBE: A propos de Watson, qu'est ce qu'il fait?

WATSON: (Entrant en trombe par l'entrée) Me voilà! Me voilà! J'ai eu énormément de travail. Cela m'a pris, oh! au moins 5 minutes.

INSPECTEUR COLOMBE: Alors? Les résultats! Les résultats?

WATSON: Non, d'abord les faits! La femme a été tuée d'un coup à la tempe chez elle.

INSPECTEUR COLOMBE: Ca, je le savais déjà, Watson!

WATSON: Oui, mais l'arme du crime est une statuette que l'on a retrouvée.

INSPECTEUR COLOMBE: Ca change tout!

WATSON: Ensuite, la situation géographique. Il y a deux immeubles face à face. Celui de l'assassinat a 5 étages. L'autre, au contraire, n'en a qu'un quintuplé.

INSPECTEUR COLOMBE: Détail important, en effet! Venons en aux témoins!

WATSON: Dans le premier immeuble, les gens n'ont rien entendu. Il n'y a que le concierge qui a vu quelqu'un rentrer précisément un peu avant l'heure approximative du crime, vers 19H00.

INSPECTEUR COLOMBE: Et dans le second?

WATSON: Seulement deux personnes étaient présentes, l'homme du quatrième et l'autre, une femme au premier étage.

INSPECTEUR COLOMBE: Bien, bien! Tu les as convoqués?

WATSON: Parfaitement! Ils viendront demain.

HARRIS: On va les interroger, chef?

INSPECTEUR COLOMBE: Bien sûr! Mais ils ne sont pas suspects. Ils ne sont que des témoins, Harris.

HARRIS: Heu... C'est quoi la différence, chef?

INSPECTEUR COLOMBE: Les premiers, on les frappe, pas les autres!

HARRIS: OK, chef!

WATSON: D'ailleurs les voilà! Qui fais je entrer en premier?

INSPECTEUR COLOMBE: Le meurtre a eu lieu au quatrième, non?

WATSON: Exact!

INSPECTEUR COLOMBE: Bien, alors le meilleur témoin, c'est forcément la femme du premier!

WATSON: C'est évident!

INSPECTEUR COLOMBE: Tout à fait, mon cher Watson!

HARRIS: Heu... pourquoi?

INSPECTEUR COLOMBE: Parce que le meurtrier a fait attention certainement à ne pas être vu au quatrième, mais pas auparavant. Ainsi au premier, sa vigilance devait être amoindrie. Donc il a pu y commettre une faute.

HARRIS: Ah, d'accord...

INSPECTEUR COLOMBE: Faites la entrer!

WATSON: Madame, entrez je vous prie!

(Elle rentre par la droite.)

MADAME ACARONI: Merci, monsieur!

INSPECTEUR COLOMBE: Asseyez vous, je vous en prie! Quel est votre nom, s'il vous plaît?

MADAME ACARONI: Acaroni, Patricia. Mais mes amis m'appellent Pat!

INSPECTEUR COLOMBE: Bien! Madame Acaroni, vous habitez donc au premier de l'immeuble en face!

MADAME ACARONI: Non, pas du tout!

INSPECTEUR COLOMBE: Pardon?

MADAME ACARONI: Je n'habite pas en face du commissariat!

INSPECTEUR COLOMBE: Je voulais dire de l'immeuble où ont eu lieus les événements...

MADAME ACARONI: Oui, excusez moi!

INSPECTEUR COLOMBE: Avez vous vu quelque chose?

MADAME ACARONI: Ah oui! J'ai tout vu! Ca s'est passé sous mes yeux, comme je vous dis.

INSPECTEUR COLOMBE: Bien! Vous voyez? Le flair!

MADAME ACARONI: J'ai vu l'accrochage, l'accident quoi!

INSPECTEUR COLOMBE: Nous penchons plutôt pour un meurtre.

MADAME ACARONI: Un meurtre? Qui vous parle de meurtre?

WATSON: Mais nous, madame Acaroni.

MADAME ACARONI: Pas moi! Je vous parle de l'accident qui a eu lieu vers 18H30 dans la rue. un homme se garait quand un camion qui passait l'a embouti.

INSPECTEUR COLOMBE: Ce n'est pas notre affaire.

MADAME ACARONI: Comment ça? Vous êtes bien de la police, non?

WATSON: L'inspecteur veut dire que ce n'est pas l'affaire qui nous préoccupe pour l'instant.

MADAME ACARONI: Ah! Et ben moi, ça me préoccupe!

INSPECTEUR COLOMBE: Et vous n'avez rien vu d'autre?

MADAME ACARONI: Non, à part les deux hommes se disputant puis remplissant un constat.

INSPECTEUR COLOMBE: Oui, oui!

MADAME ACARONI: Ensuite l'homme à la voiture est rentré dans l'immeuble en face vers 19H. Puis je n'ai plus rien vu d’intéressant.

INSPECTEUR COLOMBE: Je vois! Ce témoignage ne nous mènera nulle part. Laissons tomber. Je vous remercie, Pat! Je veux dire Madame Acaroni. Vous pouvez partir.

MADAME ACARONI: Je vous remercie. Et si je peux à nouveau vous aider, n'hésitez pas. Je me dépêche, j'ai des lasagnes au four.

WATSON: Des lasagnes?

MADAME ACARONI: Eh oui! Je suis d'origine italienne, vous savez!

WATSON: Ah, je me disais aussi.

MADAME ACARONI: Si vous voulez un jour goûter de mes pâtes...

INSPECTEUR COLOMBE: Hum... Au revoir, Madame Acaroni.

MADAME ACARONI: Vous serez toujours le bienvenu. (s’adressant à Watson)

WATSON: Oh, je vous remercie pour l’invit…

INSPECTEUR COLOMBE: Au revoir, Madame Acaroni !

MADAME ACARONI: Au revoir messieurs!

(Elle sort par la droite.)

INSPECTEUR COLOMBE: Tachez de ne pas oublier la prochaine fois que vous êtes en service, Watson!

WATSON: Bien, Inspecteur! Que faisons-nous?

INSPECTEUR COLOMBE: Et bien, fait entrer le concierge!

WATSON: Oui, tout de suite! Monsieur Cuze, s'il vous plaît!

MONSIEUR CUZE: Bonjour, messieurs!

INSPECTEUR COLOMBE: Bonjour, asseyez-vous, je vous prie!

MONSIEUR CUZE: Merci.

INSPECTEUR COLOMBE: Votre patronyme, votre prénom et votre profession?

MONSIEUR CUZE: Cuze, C.U.Z.E. Jacques.

INSPECTEUR COLOMBE: Votre profession?

MONSIEUR CUZE: Je suis concierge.

INSPECTEUR COLOMBE: Bien sûr, où avais je la tête?

HARRIS: Heu, je sais pas, chef?

INSPECTEUR COLOMBE: Laisses tomber! Non, pas les papiers...

( Harris laisse tomber un paquet de papier.)

Ca fait rien... Bien, vous avez confié à monsieur Watson que vous auriez vu rentrer quelqu'un un peu avant l'heure du crime?

MONSIEUR CUZE: Oui, oui! Vers 19H environ, à peu près quoi!

INSPECTEUR COLOMBE: Vous le reconnaîtriez?

MONSIEUR CUZE: Oh non! Il est passé trop vite devant ma loge.

INSPECTEUR COLOMBE: Vous pensez que c'est lui l’assassin?

MONSIEUR CUZE: Eh ,je sais pas! Vous savez, moi, les meurtriers...

INSPECTEUR COLOMBE: Evidemment!

WATSON: Bien sûr!

INSPECTEUR COLOMBE: C'est évident, mon cher Watson! Il était 19H quand il est entré, hmm?

MONSIEUR CUZE: Ouais! Quasiment! Approximativement 19H, enfin presque quoi!

WATSON: Vous n'avez pas l'air certain?

MONSIEUR CUZE: Oh si! Tout à fait! Mais c'est que d'habitude, il rentre plutôt vers 18H30.

WATSON: Ah, je vois!

INSPECTEUR COLOMBE: Moi pas!

HARRIS: Moi non plus, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Non, ça, c'est normal!

HARRIS: Ah bon! Chef.

INSPECTEUR COLOMBE: Mais moi? Je ne comprends pas.

MONSIEUR CUZE: Ben, habituellement, le monsieur arrive généralement à 18H30.

INSPECTEUR COLOMBE: D'ordinaire?

MONSIEUR CUZE: Oh oui! A l'accoutumée!

WATSON: Couramment, quoi!

INSPECTEUR COLOMBE: Et ce soir là, contrairement à ses usages, il est rentré plus tard curieusement?

MONSIEUR CUZE: C'est ça! Exceptionnellement!

INSPECTEUR COLOMBE: Quel dommage que vous n'ayez pas eu le temps de le voir?

MONSIEUR CUZE: Eh oui! Je regrette aussi! Quelle guigne!

WATSON: Quelle déveine!

INSPECTEUR COLOMBE: Quelle malchance!

HARRIS: Mais, chef? Si c'est un habitué, il a pu le voir auparavant.

INSPECTEUR COLOMBE: Allons, mon pauvre Harris! Ne sois pas stupide! Antérieurement, il n'avait tué personne. Il n'était donc pas encore un assassin. Alors que ce soir là, il l'était. Ce n'est donc pas la même chose. Les fois précédentes ne comptent pas!

HARRIS: Ah ben ouais, chef! J'avais pas vu ça!

INSPECTEUR COLOMBE: Evidemment, c'est pour cela que je suis Inspecteur et pas toi! Si vous aviez pu le voir ce soir là, on aurait pu certifier qu'il était le coupable. Vous ne l'auriez pas vu après?

MONSIEUR CUZE: Si, le lendemain matin, à 7H34. Il allait à son travail.

WATSON: Ah! Voilà qui pourrait nous être utile!

INSPECTEUR COLOMBE: Mais non! Comme pour les jours précédents, les jours suivants ne comptent pas non plus. Une nuit, ça change un homme! Il aurait fallu que vous le reconnaissiez ce soir là, sinon, ça compte pas.

HARRIS: Mais?

INSPECTEUR COLOMBE: Non! Ca compte pas! Ou alors, on pourrait accuser tout le monde de n'importe quoi! Et pourquoi pas le Capitaine?

HARRIS: Ha ha ha!

INSPECTEUR COLOMBE: C'est pas drôle!

HARRIS: Oh pardon, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: J'ai dis que ça ne comptait pas et ça ne comptera pas!

WATSON: Mais moi, je voulais dire: Il part à son travail. Donc il a un emploi. Déjà cela diminue les recherches. Ce n'est pas un chômeur, ni un enfant, ni une femme.

INSPECTEUR COLOMBE: Qu'il ne soit pas chômeur, d'accord. Mais ni enfant, ni femme? Non! Ca ne con...

HARRIS: (L'interrompant!) Ca ne compte pas! Chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Non, ça ne conclue rien! Je ne vois pas le rapport!

MONSIEUR CUZE: Ce n'était pas un enfant, il était bien trop grand!

INSPECTEUR COLOMBE: Monsieur Jacques Cuze! Vous aviez dit ne pas avoir eu le temps nécessaire pour le reconnaître.

MONSIEUR CUZE: Bien sûr! Mais je suis sûr que ce n'était pas un enfant.

INSPECTEUR COLOMBE: Il existe de grands enfants.

HARRIS: C'est vrai, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Je ne parlais pas de vous, Harris!

HARRIS: Oh...

MONSIEUR CUZE: Oui, mais celui-là avait une moustache et une barbe ainsi que des cheveux blancs.

INSPECTEUR COLOMBE: Bon! Mais cela pouvait être des postiches! Il pouvait s'agir de deux enfants, l'un sur les épaules de l'autre!

MONSIEUR CUZE: Non, non! J'ai bien vu! Il portait une vraie moustache, une vraie barbe et ses cheveux étaient bien blancs!

INSPECTEUR COLOMBE: Bon! Admettons que ce ne soit pas un enfant! Mais ça pourrait être une femme!

MONSIEUR CUZE: Oh évidemment, ça se pourrait!

INSPECTEUR COLOMBE: Ah, l'affaire se pimente!

HARRIS: Quoi?

INSPECTEUR COLOMBE: L'affaire, Harris, ça!

HARRIS: Ah ouais, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Bon, c'est tout?

MONSIEUR CUZE: Oh, pas grand chose si ce n'est que j'ai discuté avec lui ce matin. Il m'a dit que c'était un accident, qu'il n'avait pas fait exprès! Un accident quoi! Il était énervé, à cause d'un carton en voiture. Il était obligé de se déplacer en métro et, en plus, ce soir, il serait obligé de faire son repas, sa femme ne pouvant plus le lui préparer. Bref, il était désolé!

INSPECTEUR COLOMBE: Ils le sont tous!

WATSON: Presque tous!

INSPECTEUR COLOMBE: A part quelques uns, navrés, ils le sont tous!

WATSON: Parfaitement!

INSPECTEUR COLOMBE: De toute façon, la justice tranchera.

WATSON: Ou ne tranchera pas... S'il est innocenté!

INSPECTEUR COLOMBE: Tout à fait!

MONSIEUR CUZE: Enfin, j'ai fait mon devoir d'honnête citoyen, j'ai prévenu la police.

INSPECTEUR COLOMBE: Je vous en remercie, monsieur Jacques Cuze. Nous nous en souviendrons!

MONSIEUR CUZE: Je tiens à préciser que je n'incrimine personne, même pas le mari de cette pauvre femme du quatrième.

INSPECTEUR COLOMBE: Bien sûr! Bien sûr! Harris, veuillez raccompagner monsieur Cuze! Au revoir!

MONSIEUR CUZE: Messieurs!

(Il sort par la droite, accompagné de Harris.)

INSPECTEUR COLOMBE: Bon, Watson, qu'est-ce que tu en penses?

WATSON: On sait que c'est un habitué de l'immeuble, qu'il habite chez la victime avec qui il est marié, qu'il y a de grande chance que ce soit un homme, à moins que ce ne soit une femme, et qu'enfin, il a un emploi.

INSPECTEUR COLOMBE: Bien mince, tout cela! Bon, qui nous reste-t'il?

WATSON: Monsieur Pier, l'homme du quatrième!

LE CAPITAINE: (Il rentre par la droite.) Alors, ça avance, notre affaire?

INSPECTEUR COLOMBE: Capitaine! On allait interroger le dernier témoin.

LE CAPITAINE: Ah, bien, bien! Je vais rester écouter.

HARRIS: Chef! Capitaine! (Il rentre par la gauche.) On a reçu les rapports d'investigation.

INSPECTEUR COLOMBE: Alors?

HARRIS: La victime est morte à 19H15.

INSPECTEUR COLOMBE: Notre suspect inconnu de 19H sent le goulot se resserrer.

LE CAPITAINE: Un suspect?

WATSON: Oh, nous ne savons rien de lui, Capitaine!

LE CAPITAINE: Ah?

INSPECTEUR COLOMBE: Continuez, Harris!

HARRIS: Le sang retrouvé sur la statuette appartient bien à la victime. On a aussi découvert un veston taché du même sang. On recherche à qui appartiennent les empreintes. Enfin, y'avait une photo du couple déchirée. C'est tout!

INSPECTEUR COLOMBE: C'est mince! Bien mince! Ecoutons donc monsieur Pier!

LE CAPITAINE: Qui?

INSPECTEUR COLOMBE: Notre dernier témoin, le témoin d'en face du quatrième. Fais le entrer, Watson!

WATSON: Monsieur Aimé Pier! S'il vous plaît!

MONSIEUR PIER: J'espère que ce ne sera pas trop long.

INSPECTEUR COLOMBE: Nous allons faire notre possible.

MONSIEUR PIER: Je vous en remercie d'avance.

INSPECTEUR COLOMBE: Bon! Avez vous vu quelque chose, hier soir, entre 19H et 19H30? Et ne me parlez pas de l'accident de voiture!

MONSIEUR PIER: Bien sûr que non! D'ailleurs, il n'entre pas dans votre fourchette! Il a eu lieu à 18H30!

INSPECTEUR COLOMBE: Bon, bon!

MONSIEUR PIER: Et bien, je n'ai rien vu!

INSPECTEUR COLOMBE: Rien?

MONSIEUR PIER: Rien! Absolument rien!

INSPECTEUR COLOMBE: Voilà qui est bien ennuyeux! Vous êtes sûr?

MONSIEUR PIER: Tout à fait! Rien!

LE CAPITAINE: Allons, allons! Monsieur Aimé Pier! C'est impossible!

MONSIEUR PIER: Que?

LE CAPITAINE: Aimé! Je vous ai vu en train d'arroser vos pots de fleurs ce soir là sur votre balcon.

MONSIEUR PIER: Oui, c'est exact! Mais je n'ai rien vu!

INSPECTEUR COLOMBE: Vous n'allez pas nous faire avaler ça!

HARRIS: Avaler quoi, chef?

WATSON: C'est une expression, Harris!

HARRIS: Ah!

INSPECTEUR COLOMBE: Merci, Watson! En arrosant vos plantes, vous n'avez pas regardé le bâtiment en face? Même si vous n'êtes pas très bien placé, vous auriez pu apercevoir quelque chose?

MONSIEUR PIER: Non, non, rien! Mon appartement est juste en face de celui du crime! Je n'ai donc rien pu voir. De plus, les affaires des autres ne me regardent pas.

INSPECTEUR COLOMBE: Comment cela? Vous ne jetez jamais quelques coups d'oeil sur vos voisins?

HARRIS: Je le fais parler, chef?

LE CAPITAINE: Harris, calmez-vous!

HARRIS: Oui... Oui, Capitaine...

MONSIEUR PIER: Non, non! Je ne m'occupe pas du fait que la voisine d'en face, au troisième, a un amant qu'elle reçoit tous les jeudi matin de 15H à 17H. Ni non plus du voisin du premier qui passe sa soirée à visionner des rediffusions de l'émission Sacrée Soirée. Non, non! Je ne m'occupe pas des histoires des autres.

WATSON: C'est tout à votre honneur, monsieur Aimé Pier. Je suis persuadé que vous n'êtes pas un voyeur. Mais quand même, un meurtre?

MONSIEUR PIER: Non, non! Je n'ai rien vu! Je ne sais pas comment il l'a frappée à la tempe droite avec la statuette gréco-romaine à laquelle il manquait les bras. Ni, non plus, comment il l'a traînée dans la chambre en la portant par-dessous les bras.

LE CAPITAINE: Pourtant vous étiez à la fenêtre! Vous auriez pu voir quelque chose!?

MONSIEUR PIER: Non, non! Je n'ai rien vu! Je ne regardais pas dehors.

INSPECTEUR COLOMBE: Monsieur, vous ne savez pas si quelqu'un aurait pu assister à la scène?

MONSIEUR PIER: Non, non! Sûrement pas mon voisin de palier qui était avec la femme du postier au cinquième, juste au-dessus du lieu du crime et pendant le dit crime. Il n'a rien pu voir. Il était trop occupé avec les dentelles blanches de la femme du banquier!

INSPECTEUR COLOMBE: Bien! Nous vous remercions, Monsieur Pier pour tout ce manque d'information!

LE CAPITAINE: Oui, oui! Nous vous en remercions, Aimé. Et nous sommes de vieux amis, aussi, si vous vous rappelez quelque chose, un détail, quoi que ce soit, n'hésitez pas à venir en parler à l'Inspecteur Colombe!

MONSIEUR PIER: Bien sûr, Jacob! Au revoir, messieurs dames! (Il sort à droite.)

WATSON: Vous le connaissez, Capitaine?

LE CAPITAINE: Pas du tout! Mais j'ai le contact facile avec les gens.

INSPECTEUR COLOMBE: Mon flair me dit que Monsieur Pier en sait plus qu'il ne veut nous le faire croire!

WATSON: Vous croyez?

INSPECTEUR COLOMBE: Hmm?! Bon, nous n'avons pas beaucoup avancé!

LE CAPITAINE: Ah ça! Il me semblait pourtant que c'était une enquête facile!

INSPECTEUR COLOMBE: Moi aussi, Capitaine!?

LE CAPITAINE: Et alors! Bougez-vous! Faites quelque chose!

INSPECTEUR COLOMBE: Bien sûr, bien sûr! Capitaine, vous n'avez pas l'air dans votre assiette?

LE CAPITAINE: Oh, ne m'en parlez pas! Ma voiture est bousillée. Ce qui fait que je suis redevenu un piéton, moi! Moi, le Capitaine, un piéton! Et c'est pas tout! Ma femme étant indisposée, il faudra que je me fasse tout seul mon repas ce soir.

INSPECTEUR COLOMBE: Je vous plains, Capitaine.

WATSON: Qu'est-ce qu'elle a, votre femme?

LE CAPITAINE: Oh, une migraine, qu'est-ce que j'en sais!

INSPECTEUR COLOMBE: Voyons, tu importunes le Capitaine! Cesses de jouer au docteur, Watson! Et ne me dis pas que tu as fait des études en médecine...

WATSON: (En même temps) J'ai fait des études en médecine pendant trois ans.

(Tous en même temps) ... pendant trois ans!

WATSON: Excusez-moi, Capitaine!

LE CAPITAINE: C'est rien! C'est rien! Bon, veillez à poursuivre l'enquête! Je veux des résultats!

INSPECTEUR COLOMBE: Comptez sur nous!

LE CAPITAINE: Bien, bien! Bon courage! (Il rentre dans son bureau.)

WATSON: Il est plutôt de mauvaise humeur.

INSPECTEUR COLOMBE: Oui, plutôt! Quand il est comme ça, on pourrait croire qu'il va tuer quelqu'un!

HARRIS: Chef! Le Capitaine, il s'appelle Jacob?

INSPECTEUR COLOMBE: Et bien oui!

HARRIS: C'est pas un prénom juif, Jacob?

INSPECTEUR COLOMBE: Et alors? Ca te gêne un Capitaine Hébreu?

HARRIS: Oh non! Non, chef!

INSPECTEUR COLOMBE: Décidément, il n'a que son revolver, ce pauvre Harris! Enfin, ne va pas l'embêter avec ça, le capitaine est de caractère plutôt sombre en ce moment. Bon, revenons en à notre affaire! Que sait on?

WATSON: On sait que le mari de la femme aurait été présent à l'heure du crime vu qu'ils vivent dans le même appartement et qu'il semblerait que le concierge l'ait reconnu.

INSPECTEUR COLOMBE: Oui, mais cela n'en fait pas un coupable.

WATSON: La seule piste que l'on ait est ce veston. On recherche en ce moment même à qui appartiennent les empreintes sur le dit veston.

INSPECTEUR COLOMBE: Effectivement! Trouver le propriétaire revient à trouver le coupable du meurtre! Mon flair me le dit!

WATSON: D'autant plus qu'il y a des taches de sang dessus!

INSPECTEUR COLOMBE: Exact!

(Un gendarme rentre et donne un dossier à Harris et ressort, le tout, par la droite.)

HARRIS: Chef! Le rapport d'analyses!

INSPECTEUR COLOMBE: Fais voir! Ah, voilà! Tout s’éclaircit! On sait à qui appartiennent les empreintes! Tout concorde! L'affaire arrive à sa dernière escale! Mon flair ne m'avait pas trompé! Appelez le Capitaine! Dites-lui qu'on sait qui est l'assassin!

( Harris sort par la droite et rentrera avec le Capitaine par cette même porte.)

WATSON: Qui? Qui?

INSPECTEUR COLOMBE: Mon cher Watson! Goûtez donc le suspens!

LE CAPITAINE: Quoi? Qu'y a t'il?

INSPECTEUR COLOMBE: Je connais le nom du coupable!

LE CAPITAINE: Ah! Je n'ai jamais douté de vous un seul instant, inspecteur Colombe! Alors?

INSPECTEUR COLOMBE: Et bien tout correspond! L'homme est arrivé à 18H30 en bas de l'immeuble. Là, en se garant, il a eu un accrochage avec un camion.

WATSON: Le fameux accident de Madame Acaroni?

MADAME ACARONI: (Entrant par la droite, la porte étant restée ouverte.) C'est le mien! C'est le mien!

INSPECTEUR COLOMBE: C'est ça! L'accident de Pat, celui-là même! L'homme, après avoir rempli un constat, est rentré vers 19H dans l'immeuble de la victime. Là, le concierge l'a entr’aperçu.

LE CAPITAINE: Monsieur Jacques Cuze?

MONSIEUR CUZE: (Entrant par la gauche, cette fois.) Oui, oui! Je l'ai vu, enfin entr’aperçu. Mais je n'ai pas eu le temps de le reconnaître. Vous savez, je n'incrimine personne?!

INSPECTEUR COLOMBE: Mais oui, Monsieur Cuze! Tout à fait! Il est monté chez la femme, sa femme, et est entré. Là, ils se sont disputés, certainement énervé par l'accident!

WATSON: D'où la photo déchirée!

INSPECTEUR COLOMBE: Dans un moment de folie rageuse, il a pris une statuette et a frappé la pauvre femme à la tempe droite. Puis, il l'a traînée dans la chambre. Enfin, il a repris le cours de sa vie comme si de rien n'était.

WATSON: Ainsi le témoignage de monsieur Cuze était vrai. Le meurtre a eu lieu sous l'emprise de la colère!

INSPECTEUR COLOMBE: Exactement!

MONSIEUR CUZE: C'est ce qu'il m'a confié ce matin même!

LE CAPITAINE: Alors? Qui est-ce?

INSPECTEUR COLOMBE: Evidemment, si Monsieur Aimé Pier avait vu la scène, il aurait pu reconnaître le coupable.

LE CAPITAINE: Hélas...

MONSIEUR PIER: (Entrant par la droite.) Moi, je n'ai rien vu! Rien de rien!

INSPECTEUR COLOMBE: Mais heureusement, l'homme a oublié son veston taché de sang dans l'appartement! Et maintenant, grâce aux empreintes, on sait à qui il appartient.

WATSON: A qui?

INSPECTEUR COLOMBE: Au Capitaine Jacob! Désolé, mon Capitaine!

WATSON: Non?

HARRIS: Ah ben ça!

INSPECTEUR COLOMBE: Que faisiez vous, Capitaine, entre 19H et 19H30?

LE CAPITAINE: J'étais chez ma femme!

INSPECTEUR COLOMBE: Elle peut en témoigner?

LE CAPITAINE: Hélas non! Elle est morte!

INSPECTEUR COLOMBE: Alors vous n'avez pas d'alibi!

WATSON: Capitaine! Pourquoi avoir laissé le veston là bas?

LE CAPITAINE: Je ne pouvais pas le remettre, il était taché de sang.

WATSON: Evidemment! C'est la petite faute qui vous a perdu.

INSPECTEUR COLOMBE: Toutes les preuves sont contre vous, Capitaine!

LE CAPITAINE: C'est donc que je suis le coupable! Bravo! Voilà une affaire rondement menée, Inspecteur Colombe!

INSPECTEUR COLOMBE: Je vous remercie, Capitaine! J'ai eu du flair, c'est tout!

LE CAPITAINE: Bien! Harris! Arrêtez-moi, je vous prie!

HARRIS: Heu, Capitaine? Chef?

LE CAPITAINE: Allons! Allons!

INSPECTEUR COLOMBE: Tu peux y aller, Harris!

HARRIS: Comme avec les autres, en le frappant?

INSPECTEUR COLOMBE: Allons, non! Un peu de respect pour le Capitaine!

(Il lui passe les menottes.)

LE CAPITAINE: Je vais en prendre pour au moins dix ans! Mais si je collabore, le juge en tiendra compte. Veuillez me lire mes droits, Harris!

HARRIS: Vous avez le droit de garder le silence, à condition de le rendre après votre mort. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous, à condition que cela soit intelligible! Aussi, Capitaine, j'vous en prie, ne parlez pas!

LE CAPITAINE: Mais je ne m'inquiète pas, mon cher Harris! Le commissariat sera entre de bonnes mains avec le Capitaine Colombe. Il ne vous fallait plus qu'une grande affaire! En voilà une!

INSPECTEUR COLOMBE: Vous savez, Capitaine. J'aurais préféré arrêter quelqu'un d'autre, comme Harris, par exemple!

HARRIS: Eh, mais je suis pas coupable, moi, chef!

WATSON: On sait, Harris! C'était un exemple!

HARRIS: J'aime pas ce genre d'exemple! Tous les martyrs sont nés d'exemples!

INSPECTEUR COLOMBE: Bon, ça suffit! Ne jamais pousser l'Harris à la rixe!

WATSON: Excuse-moi, vieux!

HARRIS: Ouais, ouais!

INSPECTEUR COLOMBE: Vous vous en tirerez, Capitaine!

LE CAPITAINE: Oh, j'en suis sûr! Surtout que même si je n'ai pas les moyens, j'aurai un avocat commis d'office.

INSPECTEUR COLOMBE: En fait, vous avez de la chance, Capitaine.

LE CAPITAINE: Ah?

WATSON: Pourquoi?

INSPECTEUR COLOMBE: Et bien, il n'aura plus à préparer ses repas. Ils lui seront servis tout près pendant dix ans.

LE CAPITAINE: Mais c'est vrai. Ah, on devrait tous se faire arrêter pour ne plus avoir à mitonner ses repas.

WATSON: Pas pour moi, merci! J'adore faire mijoter des bons petits plats. Ou que l’on m’en mijote pour moi. Or la qualité à la prison ?

MADAME ACARONI: A ce propos, n’oubliez pas ma proposition…

INSPECTEUR COLOMBE: A l'irrésistible petit gourmet!

(Un gendarme donne un rapport à Watson par la porte de gauche.)

WATSON: Inspecteur, on vient d'arrêter le suspect de l'affaire du Guerrier à l'Arc-en-ciel. Vous savez? Celui qui venait à la caserne lorsque nous n'étions pas de service les samedis entre 13H et 14H30.

INSPECTEUR COLOMBE: Oui, je me souviens! Comment l'a t-on pincé?

WATSON: Il est venu à la caserne cet après-midi vers 16H. On l'a arrêté aussitôt.

INSPECTEUR COLOMBE: Ah, je savais bien qu'il finirait par revenir à une heure de service actif. Mon flair!

LE CAPITAINE: Quel homme!

INSPECTEUR COLOMBE: Merci Capitaine! Quel homme?

WATSON: Un anglais, Inspecteur. C'est lui-même qui se surnommait le guerrier à l'arc-en-ciel.

INSPECTEUR COLOMBE: En anglais!?

WATSON: Ah, je ne sais pas! Peut être?

INSPECTEUR COLOMBE: Enfin, ça ne change rien! Un de plus d'emprisonner! Ce n'est pas avec votre affaire, excusez-moi Capitaine, que je vais pouvoir arrêter plusieurs coupable. Un meurtre, c'est vraiment, vraiment trop banal!

LE CAPITAINE: Oh, je sais, je sais! Mais enfin, permettez que je vous félicite encore une fois pour le temps record que vous avez mis à élucider ce meurtre.

INSPECTEUR COLOMBE: Je mets toujours un point d'honneur à résoudre le plus rapidement possible mes enquêtes. Mais mon flair m'a énormément mis sur la voie.

LE CAPITAINE: Ah! Le fameux flair de l'Inspecteur Colombe!

WATSON: Quelle clairvoyance!

(Harris amène le Capitaine menottes aux poignets à droite.)

MADAME ACARONI: Quelle perspicacité!

MONSIEUR PIER: Quelle finesse d'esprit!

MONSIEUR CUZE: Quel blaire!

LE CAPITAINE: Je suis heureux d'avoir été mis aux arrêts par vous, très cher Inspecteur, oh pardon, très cher Capitaine Colombe!

( Harris et le Capitaine sortent par la droite, un instant puis Harris rentre avec les menottes aux poignets, seul, durant les propos de l’inspecteur Colombe.)

INSPECTEUR COLOMBE: Bon, je crois que tout le monde va pouvoir rentrer chez soi ! J’ai vraiment une équipe du tonnerre !

HARRIS: Heu, chef! Heu, j'crois que vous allez m'engueuler...

INSPECTEUR COLOMBE: Oh, non! C'est trop fort, Harris, ça! Non! Je suis entouré d'une bande d'incapables...

WATSON: Où ça?

INSPECTEUR COLOMBE: (Colère) Un de ces jours, on devrait rendre obligatoire un test d’intelligence, pas uniquement psychomoteur ! Qu’en dis tu, mon chèr docteur Watson... ? (Il va dans le bureau du Capitaine.)

Rideau.