Art et Lettre
 
Giliane.J. Maxus Julie Kouti HM.Gillen O.Cheneviere V.Fekete B.Francomme E.Sabatie X.Creus S.Duté Thymocles
Accueil Poésies Théâtres Nouvelles Peintures Pensées Contact Autres auteurs

O.Cheneviere

 

J'ai marché dans la grotte

Olivier Cheneviere

Mercredi 9 avril 1912.

Chère Helena….

Depuis cinq ans maintenant que nous sommes promis l’un à l’autre de par l’union qui unit nos familles respectives, mon cœur a toujours rivalisé d’impatience avec le vôtre et je sais que des noces ne pourraient être plus somptueuses et ni source de réjouissances que celles qui étaient prévues alors.

Malheureusement, ce mariage tant attendu n’aura pas lieu et les circonstances qui me poussent aujourd’hui à prendre la plume sont des plus solennelles.

Vous connaissez mon aversion pour toute forme de tradition aristocratique dont nos parents sont les emblèmes poussiéreux et c’est donc sans détour et pour vous épargner de vaines souffrances que cette lettre n’attends point de réponse pas plus qu’elle n’aura de suite.

Le propos est grave et j’imagine autant qu’il m’est possible la détresse dans laquelle je plonge votre cœur à la trame si délicate, aux ciselures si fines et sensibles qui m’ont fait vous respecter dès les premières heures de nos jeunes et timides rencontres, régies par les conventions strictes de la noblesse de robe dont nous sommes tous deux héritiers.

Mais le temps m’est compté désormais et à l’heure où mes mains tracent sur le papier ces mots douloureux et sans appels il me tarde déjà de remplir le rôle déterminé pour moi par des forces que je reconnais comme légitimes malgré leur nature mystérieuse qui m’empêchent d’en comprendre le sens.

Pour vous, âme chérie et sœur de mes angoisses, je vais tenter d’en pénétrer le sens au fil des mots qui se couchent maintenant sans hésitation, comme dictés par la voix grave de cet oncle dont je vous entretenais souvent et dont la vie me semblait exemplaire parce que si éloignés des sentiers tout tracés, des traditions pesantes ; cet oncle, Comte illustre au destin mystique, voyageur infatigable et poète, je le recherchais à travers les mémoires de sa jeunesse, son seul legs, exhumé d’une cache quelque part dans le caveau familial.

C’est là que j’aime à roder, oisif selon mon habitude, imprégné des récits malheureusement incomplets de ce grand homme qui s’adonnait à la sculpture et à la poterie tout comme son neveu et dont la tombe, ornée d’étranges motifs et d’inscriptions illisibles, éveille en moi, chaque fois où je m’y assoupis, des sentiments qui semblent ne pas m’appartenir et sont la source d’une inspiration artistique toute récente.

D’ailleurs en ce moment il me semble que sa présence bienveillante acquiesce à la lecture de ma résignation à vous abandonner à quelques mois du mariage.

Vous devez croire que j’ai probablement perdu la tête au moment où vous lisez ce message : à dire vrai cela se vérifie de jour en jour mais peu importe, car…….

(ici le sens des mots ne peut être restitué car écrits dans plusieurs langues différentes vraisemblablement séparés et disséminés aléatoirement dans le temps et dont certaines sont indéchiffrables même au jour où ce manuscrit à été découvert ) N.D.L.R 1976

……….convaincu maintenant que sa tombe, séparée des autres pour quelque raison obscure, ne contient pas la dépouille vénérable tout comme j’ai l’impression de connaître chaque détail de son visage triste sans jamais l’avoir vu (vous savez l’empressement de nos géniteurs à substituer les souvenirs gênant par des silences honteux).

A l’ombre d’un chêne centenaire j’amenais des matériaux, blocs d’argile et de cire, nécessaires à la conception d’un petit buste dans lequel je me figurais pouvoir donner forme à ces visions obsédantes et irréelles et ainsi purger mon âme de ces résidus entêtants.

 Mais sans succès : en effet il me semblait que chaque esquisse avait ce défaut inhérent à la texture si particulière de mes rêves éveillés, de mes visions fugitives.

Chaque jour, au même endroit, je retournai pour y relire les passages les plus significatifs de son récit autobiographique, notamment celui où, il avoue de façon détournée que son corps ne pourra ou ne devra être enterré parmi les siens car, selon lui, son créateur ne pourrait y venir le délivrer de "la boue informe que sera devenue sa dépouille ".

Je frémissais à la lecture de cette citation- et me doute de l’effroi dans lequel vous devez être plongée en lisant ces lignes- si bien que très vite j’abandonnai ébauchoirs et spatules pour tenter de percer la mystique morbide de mon ancêtre.

Au bout d’un certain temps- je ne saurais dire combien avec exactitude car dans l’alternance des rêves, lectures et autres esquisses de modelage, je ne voyais plus le soleil se coucher ni se lever- il me vint à l’esprit que l’emplacement de cette pierre froide sur laquelle je veillais jalousement ne pouvait pas avoir été choisi par mon ancêtre mystérieux pour la bonne raison que celle-ci se trouvait encore à l’intérieur de l’enceinte du jardin qui entourait le caveau familial, endroit indigne de sa réclusion spirituelle et de sa détermination à l’aura presque maléfique.

Je me mettais donc à la recherche d’un code, message d’outre-tombe perdu au milieu des multiples dialectes qui composaient la grande majorité de son récit mais en vain car j’étais loin d’égaler sa grande connaissance des langues anciennes obtenue au fil de ses voyages autour de la terre et il me semblait étrange qu’un homme qui avait passé toute sa vie à l’étranger soit revenu ici, lieu paisible et sans histoire, pour y finir sa vie.

Déçu, frustré de ne pas pouvoir l’appeler à travers les âges, de ne pas pouvoir le toucher pour me prouver que ce visage qui me hantait était bien le sien- bien qu’en étant intimement persuadé- je me levais, abandonnais les blocs mal dégrossis et mes outils de ciselage pour sortir du sanctuaire oppressant.

Alors que je dépassais l’enceinte et le marbre impersonnel et sinistre du caveau aux sculptures grossières, un souffle glacé et humide me surprit et, je ne sais pourquoi, j’en cherchais l’origine.

A l’opposé du cimetière je suivis un sentier qui m’était inconnu jusqu’alors- je me vantais pourtant de connaître le domaine par cœur étant donné le temps que j’y passais depuis mon enfance- et, derrière un drap de lierre et de chèvrefeuille qui se gonflait en bruissant comme s’il respirait doué d’une vie surnaturelle, je découvrais une cavité naturelle, une sorte de petite grotte d’où soufflait cette brise glaciale qui m’y avait attiré.

Encore obsédé par l’image du visage de mon oncle je pénétrais à l’intérieur :la grotte avait la hauteur d’un homme et, à ma grande surprise, les parois étaient faites d’une argile aux reflets étranges, jaune et blanc, dont la texture m’était étrangère, inconnue mais qui semblait ductile sous les doigts.

Après ce premier contact, je dois dire que mes souvenirs deviennent imprécis. Seules la glaise et ses qualités particulières sont gravées en moi :je m’émerveillais devant sa malléabilité et, comme hypnotisé, j’appréciais sa mollesse.

Cette glaise, je m’en rends bien compte à présent, devait être impossible à modeler détachée de la paroi sans sécher rapidement ni s’oxyder à cause des conditions d’humidité particulière de la grotte et, inconsciemment, je commençais à façonner directement à la main les traits du visage que j’imaginais être celui de mon oncle.

Grimaçant, dans une sorte d’extase inquiétante pour qui aurait été avec moi sur le moment, j’enfonçais mes doigts, déplaçait mes pouces pour donner sa rotondité au visage et dans ma tête se superposait bientôt l’image intuitive et la création seulement au fur et à mesure que je dessinais ses lèvres puis ses dents, il affichait un rictus à mi-chemin entre le rire et la sévérité et je dois dire que si j’avais été autre que possédé à ce moment là, j’aurais probablement pris mes jambes à mon cou mais le visage aux dents serrées semblait me souffler :

-continue… continue…

Je fixais les yeux en leur donnant le poli nécessaire : ils semblaient doués de vie et j’avais bientôt fini lorsque la matérialisation de ces traits si familiers, tellement familiers en vérité qu’ils auraient pu être les miens, me firent sursauter et gâcher l’œuvre dont les épaules étaient déjà protubérantes, dans une crispation effroyable, tel un homme prisonnier d’une enveloppe de glaise embourbé jusqu'à la taille.

Enragé par ma maladresse, je grattais et griffais la surface de mes ongles pour recommencer plus profondément et ainsi réparer mes erreurs, bien décidé à faire apparaître ce visage de la paroi.

Dans mon excitation quasi surnaturelle guidée par un instinct farouche je ne me rendais pas compte de ce qui se passait : sous la pression de mes pouces, les yeux crevèrent, oui, crevèrent littéralement et du sang coula abondamment sur mes mains.

Je ne pouvais y croire, le visage creusé une seconde fois était bien plus horrible, plus haineux que la première fois.

Mes pouces glissèrent à l’intérieur de la bouche et perforèrent les dents en déchirant les lèvres, puis les joues ; un flot de sang épais et poisseux dégoulina : le visage de mon oncle éclata, révélant sous la glaise maintenant insupportablement liquide, un véritable faciès de cadavre torturé qui se mit à hurler arrêêêête !!!! C’était lui, dans le lieu de son dernier repos, exhumé involontairement par son propre neveu et défiguré par la souffrance.

Abattu, effrayé par ce portrait luisant et sanglant qui m’insultait et me promettait mille morts sans repos, je tombais à genoux pour me soustraire à son emprise diabolique.

Jervas, profanateur imbécile, tu viens de gagner ta place en enfer, tu n’auras de repos nulle part, nulle part la terre ne s’ouvrira pour toi à l’heure du dernier soupir ! "

Sur les dernières paroles de cette malédiction fatale je m’enfuis à travers le lierre, le long du sentier inconnu et, pleurant mon pardon, je sus que je ne reviendrais jamais chez moi, que je ne retrouverais plus le sentier et que la prochaine fois que je sentirais le souffle glacé de la grotte aux parois de glaise, ce serait pour goûter l’haleine fétide de la mort.

Adieu

 

 

Chapitre 1

Les aventures toutes bêtes de Bosco et Deblonde

Depuis la nuit des temps, l'homme a toujours cherché a se mettre a l'abri des contraintes naturelles de son environnement (ours des Pyrénées, tigres a dents de sabre, loup, hyènes et pyranas mais aussi déluges, tremblements de terre, comètes venues de l’espace et maladie vénériennes (il ne savait pas encore dans son innocence pré biblique que la chtouille s’attrape a deux)

Afin de se débarrasser des peaux de bêtes qu'il arborait pour cacher sa nudité fragile, peu seyantes il est vrai pour son instinct grégaire qui le poussait a s'établir en société, il inventa le feu, la hutte ou la caverne et surtout l'élevage et la culture qui peu a peu le poussèrent a organiser cette société en pyramides (et oui!) hiérarchiques a la tête de laquelle se trouvait le chef, roi, ou commandeur en tout cas de tout les autres imbéciles qui n'avaient aucune idée de ce qui pouvait bien se tramer dans les hautes sphères de cette "Société" donc.

Au début, c'était un endroit agréable et stimulant cette société : les hommes et leurs femmes, moitiés hystérique et peu contrariantes après quelques coup de massue, de faux ou de saillie réconciliatrice, travaillaient en harmonie (dans la mesure du possible) et vaquaient a leurs occupations aussi diverses qu'utiles : chasseur, bûcheron, cuisinier, génitrice, chaman ou astrologue et chef.

L'aventure que je vais vous conter se passe dans un lointain futur ou le concept de société existe toujours.

Seulement, et à des fins éco-politico-douteuses, elles se sont multipliées pour générer des quantités astronomiques de fric, concept profitable à la minorité magouilleuse, a mi-chemin entre la sodomie et le troc.

Bien éloignée des idéaux rassembleur du début de l'humanité, ces sociétés sont maintenant composes de groupes totalement hétérogènes mais organises tout de même seulement le fonctionnement pyramidal du départ (on ne change pas une recette gagnante après tout).

C est dans une de ces sociétés, appelée FEROX à cause de son agressivité commerciale légendaire, que les deux protagonistes de l'histoire sont employés, mangent et défèquent du soir au matin.

Cependant il y a une chose a savoir : autant leurs deux ancêtres respectifs étaient courageux, habiles et rusés, autant Bosco et Deblonde sont pleutres, niais et fourbes.

Bosco, fils d'un tailleur marseillais de grande renommée, ne voulait pas reprendre la petite boutique de son père idéalement située sur la canebière car il avait de l'ambition.

Et oui, malgré son air con et sa vue basse il ne désirait rien de moins que de devenir Agent du FBI, même après que Lucienne sa chère maman concernée par l'avenir de son fils lui ai expliqué cent fois qu'être héros de série télé n'avait rien d'enviable, il pris ses cliques et ses claques et embarqua dans la première chaloupe du vieux port puis rama jusqu en Irlande, terre des musiciens et des distilleurs de Whiskey.

Deblonde, lui, occupait la vénérable fonction de secouriste-footballeur en ardèche (je sais il y a pas de plages en ardèche mais il y a de grands lacs je crois) et il trouvait le temps long.

Souvent lorsqu il méditait dans le canoë qui lui servait de foyer, toilettes et outil de travail, son esprit imbibé par l'alcool parcourait les étoiles en un voyage astral éthylique bon marché.

Lorsqu'il réintégrait son corps courbé par les spasmes de la déglutition bruyante dont il semblait être victime chaque fois qu'il voyageait, il se trouvait fort déçu de la réalité qui s'imposait a lui. En bref il s'emmerdait sec.

Lors d'une cuite plus violente et dégradante qu'a son habitude, il en eu assez et décida de se laisser aspirer par le Canadair de la brigade de pompier locale puis de le détourner afin de se rendre en Terre Celtique. Lui aussi pour célébrer la Saint Patrick, Patron des Irlandais ivrognes et amateurs de rugby qui dansent quand la lune est pleine au son du pipeau de fer aussi appelé tinwhistle par les musicologue et les professionnels du recyclage de canette qui, parait il ont fort a faire dans leur beau pays qui fut vert autrefois mais a plus de points communs de nos jours avec la décharge publique.

Quelle est la destinée de nos deux voyageurs intrépides??

Que leur arrivera t il en terre d Irlande??

Chapitre 2

Quand il y a une fille entre les deux

 Ils acceptent les règles du jeu,

Mais rien ne pourra jamais briser

Une telle amitié.

Lalalalalala Starsky et Hutch


Dublin..........

Capitale tardive de la fière république d'Irlande, ville portuaire chargée d'histoire tant politique que littéraire.

Ville austère mais ville de joie.

Joie des joggeurs au petit matin, joie des clubbeurs qui braillent et se postillonnent a la gueule en sortant du Switch, du Red Box ou du George.

Joie des petits vieux, matinaux comme pas deux.

Joie des vicieux qui matent les jeunes filles surprises par l'aube bien moins belle que la veille les avait enlevées.

Joie du Paddy de base qui mange ses beans sur toasts et lit le Sun en se délectant des mésaventures psychotropiques du Prince William.

Mais dans cet épicentre de l'alcoolisme débridé, ce nexus du celtisme commercial a haute valeur ajoutée errent deux âmes exilées, deux rejetons d'extraction Française que leur mère patrie a saoulés, au propre comme au figuré.

Leurs nom, vous vous en doutez sont Bosco et Deblonde.

Bosco, après avoir abandonné sa chaloupe au large de l'atlantique pour la simple et bonne raison que ses bras bodybuildés  avaient tellement gonflés a force de ramer qu'ils présentaient un peu plus a chaque minute l'aspect de deux bananes trop mures traitées au fertilisant antigel, bosco, oui, lui même et sans faux semblants ni jumeau caché a la Molière avait eu la surprenante idée de mettre a l'amende un surfeur aux cheveux jaune pisse histoire de lui braquer sa planche sans lui laisser d'autre choix que d'affronter a la nage la vague géante de ses fantasmes nourris a la vision en boucle de Point Break, le film nul.

Il fut retrouvé, parait-il, nageant une brasse d'un autre genre dans une nappe de gasoil abandonnée par l'Erika l'été précédent, tenant dans ses bras tétanisés un goéland qui piaffait de douleur a la face du ciel, englué et puant qu'il était.

Depuis lors, les pécheurs murmurent quand ils se retrouvent au coin du feu que les cris de cette mouette (car c était en fait une mouette qui croyait profiter de la nappe de gasoil pour se faire classer protégée; elle a échoué... sans mauvais jeu de mots) peuvent être entendu les soirs de grand brouillard et glacent le sang pourtant déjà bien froid des marins bretons.

Bosco, lui, arriva a bon port, celui de Dublin, bien entendu, par on ne sait trop quelle sortilège littéraire qui est dur a comprendre mais facile a réaliser. Point. A la ligne. Voila.

Le voyage en Canadair de Deblonde lui, fut plus mouvementé et je serait bien en mal de vous le conter tant inénarrable fut la frénésie de violence qui s'ensuivi.

Qu’il me suffise de vous dire que furent impliqués un zippo en fin de vie, une échelle de corde, une barbe postiche et un pistolet fabriqué avec une savonnette qui ne résista pas au déluge que produisit le système d'incendie lorsqu'il se déclencha, a la grande surprise de Bernard Tapie qui projetait de se rendre incognito a un séminaire de ventriloque justement nommé "Parle a mon colon, j'ai le nez grippé".

Un hasard extraordinaire fit qu'ils abordèrent la plage de la péninsule d'Howth plus ou moins au même moment malheureusement ils passèrent sans se voir comme il arrive souvent dans les romans de gare particulièrement ceux de Tom Clancy.

Bosco estropia son dernier lion de mer d’un coup de baume avant de mettre les deux pieds sur la berge.

De façon inexplicable il se sentait en cavale. Il couru...jusqu'au prochain arrêt de bus en direction du centre ville afin de voir de ses yeux vu la statue d'O'connell qui, il avait entendu dire, illuminait d'un beau vert émeraude les nuits dublinoises.

Vous imaginez probablement sa déception lorsque, à la nuit tombée, il découvrit la face maculée de fiente de pigeon du pauvre héros Daniel O'Connell.

-C'est pas grave, se dit Bosco, de toute manière, je suis au point de rendez-vous que l'on m'a fixé (car il avait eu la sagesse de passer par une agence d'intérim au préalable) et quittes a y camper (il était très déterminé !) autant m’accommoder a ce lieu même s'il est pollué, je pourrais toujours bouffer un pigeon dodu.

Et c'est ce qu'il fit, en vérité, après qu'il eu dégobillé avec moult souffrances et force ridicule la quasi totalité de son happy meal( il avait avalé le pokemon qui y était caché croyant que c'était juste une plus grosse frite (qui pourrait le blâmer, dans le monde génétiquement modifié qui est le notre)) et il eu a peine le temps de se brosser la dent avant que le rejoigne Felicia, la Philippaine d'Istanbul qui travaillait a l'agence pour l'emploi des travailleurs a la petite semaine (intitulé racoleur certes, mais qui avait l'avantage de décrire avec acuité le dynamisme du tigre celtique comme on l'appelle dans les milieux intéressés) qui, elle occupait le double emploi de recruteuse de choc et masseuse thaï intérimaire.

Elle lui remit comme convenu l'après midi même l'adresse du Bed and Breakfast ou l'attendait son futur employeur déguisé en majordome, technique d'entretien malicieuse qui avait permis de recycler un clown déchu du cirque Gruss.

Il ne se laissa pas prendre au piège et passa avec brio l'entretien d'embauche pour le poste d'agent du support technique au TelcomCenter de la Société Ferox.

Tel les premiers homme en société, il fut heureux quelques mois (voir chap.1) avant d’être atteint du syndrome appelé Ferox blues parmi les initiés et il décida d'y mettre un terme en demandant deux "un a un" a son chef.

Un pour lui exprimer son agacement devant les brimades continuelles de ses collègues (boulettes de papier, faux clients belges et bites au cirage)

Le deuxième pour lui demander de le changer de service car il avait si peu de mémoire qu'il menaçait d appeler son avocat a la moindre mention de "process".

Apres une vive discussion, il fut décidé de créer tout spécialement pour lui une cellule d investigation interne, dont il serait l'agent très spécial, appelé GDF ou Guarda del floor.

C’est le moment que vous attendez, cher lecteur pétris d'angoisse, la vessie contractée et l'écume aux lèvres.

"Qu est ce c est que cette connerie ?»

"Que va t il arriver a Bosco?

"Et Deblonde, il a fait une overdose ou quoi ?»

Rien de tout cela, audience impatiente, car dès le premier jour de son nouvel emploi dont il ignorait l’exacte teneur, le manager de Bosco, pris d'un doute quand aux réelles capacités de notre leprechaun des calanques, décida de lui attribuer un second (surtout car il était fan de X-files) et il le fit en ces termes...

- Florian, mon brave, votre poste étant d’une extrême complexité, j ai décidé d'engager Deblonde, grand spécialiste français de la filature a l'italienne (technique trop connue pour insulter l’intelligence du lecteur fidèle en lui décrivant) pour vous seconder.

Notre nain farfelu eu brièvement la trique croyant que deux policières tout droit sorties de Baywatch allaient se présenter puis, au moment ou la porte s'ouvrit...

Chapitre3

Terrés dans leurs bunker de plastique,

Les enfants de publicitaires astiquent

en riant les robots qui tondent

des cheveux qui ne poussent pas

et c est tant mieux.

O.C

Ferox company....

Située en plein coeur du parc technologique de Bellypoilu, dans une banlieue mal desservie par les bus, elle trône, entourée de drapeaux de toutes couleurs et de tout pays (laï laï laï) et s'impose a la vue de tous, éminente et agressive de fierté.

Structurellement, elle fait penser a un club de fitness moche ou a un aspirateur sans sac ni poignée (merci Coluche) dont la vocation primaire, ou plutôt devrais-je dire primordiale est de concentrer les demandes d’interventions et plaintes diverses émanant des quatre coins de l'Europe au sujet de machines défectueuses.

En première ligne de cette armée multinationale du services après-vente, de jeunes gens d'age et de sexe variés, apatrides opportunistes mais volontaires, entraînés a ne pas laisser deviner au client qu il est lui même la source de ses propres problèmes.

Comme la nature humaine est une garce, dit-on, ce pari marketing n est pas si facile à tenir et il ne nécessite pas moins d'un mois d'entraînement et de conditionnement pour polir l’esprit naturellement rebelle des agents de support du Telcom Center.

Tournant à plein régime, forte de ses différents services et filiales a travers le globe, la société Ferox est une petite famille en soi, pour le meilleure et pour le pire, comme dans la vrai vie.

Et c’est au milieu de cette tribu, dans un bureau spécial du bâtiment X (l'emplacement exact du bureau restera secret dans un but de sécurité évident) que Bosco et Deblonde, nos deux héros du télé service, ont fait connaissance dans les circonstances que vous connaissez.

Il est dit que Bosco, lorsqu'il fut pour la première fois présenté a son coéquipier, eu la jaunisse toute une semaine et qu'il échappa de peu a cause de cette absence, a la Coercive Action, une procédure d'autolicenciement a base d'hypnose, qui, il parait, a poussé certains agents privés d'accès a la machine a café et menottés a leur bureau a se jeter par la fenêtre. La plupart ont finis pendus a leur propre souris, le tapis enfoncé dans la gorge.

Vous comprendrez donc aisément les besoins qu'avait Ferox de créer un système d'investigation interne, afin de résoudre certains mystères tels que :

 Qui a fait une si grosse tache de café sur la moquette neuve ?

 Qui a volé un des bonbons de la loterie de Noël, rendant ainsi les estimations impossibles et pervertissant l'esprit même de cette fête chérie des enfants, de Chantal Goya et de beaucoup d’américains ?

Qui, surtout, a divulgué tout les plans de restructuration, de licenciement et budgétaires de la saison a venir a tout les employés??

Qui d'autre qu'une âme malfaisante ? , se disait Joe R.Maroon, le grand manitou responsable du Telcom centre, manager total s'il en est, omnipotent et totalitaire.

Nos deux agents très spéciaux se virent donc attribués leur première mission :

A l'intérieur du bureau de J R Maroon régnait une atmosphère lourde, rendue presque épaisse par l'odeur de cigare.

Il se tenait de dos, avachi sur son fauteuil de cuir de nubuck, et semblait au désespoir lorsque B. et D. pénétrèrent l'antre sacré du chef.

-"Les enfants, commença-t-il car il aimait a infantiliser ses employés, l'heure est grave !"

 "Je fais appel a vous car j'ai besoin d'une escorte". Il tripotait d'un air nerveux les contrôles de ses écrans vidéo espions.

-"Mais chef, questionna naïvement Bosco, je pensait que vous portiez voter gilet pare-balles même a la cantine ?".

-"Il ne s'agit pas de moi, minus crétinoide, mais d'Aboukir le Yakoub, un employé extrêmement dangereux, suspecté de propagande nihiliste et qui s'obstine a essayer d'imposer ses propres horaires.

Un nombre incalculable de plaintes venant de chauffeurs de bus, qu'on a tentés de soudoyer, puis impitoyablement menacés, sont remontés jusqu'a moi et je le soupçonne de recruter des activistes de l'IRA à des fins peu avouables.

Cet agent impossible est doué d'un don de fourberie hors du commun...Je vous recommande donc la plus grande fermeté. Il est actuellement terré chez lui et j'ai beaucoup de mal à le démissionner selon la procédure usuelle, si vous voyez ce que je veux dire, car il a un excellent avocat, Américain de surcroît.

Votre mission sera d'aller le chercher chez lui, vers Castleknock Grange, et de le ramener a son téléphone de gré ou de force.

Bien entendu, il va s'agir surtout de découvrir ce qu'il prépare, j'ai peur pour la sûreté morale de l’entreprise !".

Plein de bon sens et surtout parce qu'il connaissait le larron, Deblonde avance : "Mais s'il est si dangereux, pourquoi ne pas le laisser regarder le football chez lui ?»

CHAPITRE 4

Le fou a chanté dix-sept fois

Les yeux croisés sur son perchoir

Une vérité au bout des doigts

Une lampe entre les mâchoires

Le fou a chanté dix-sept fois

Puis il est mort de désespoir

Dans un champ de labiales carnivores

Tous les tombeaux se sont ouverts

Pour voir passer le mort vainqueur

L'alcool s'est figé sur ton verre

Ta cigarette tombe sur ton cœur

Et tu cherches une vérité par-delà l'espace


                                                  H.F.Thiefaine

-Pourquoi?... crétin des Abbruzzes ! Parce qu'il est sournois et fainéant ! Dans son cerveau obnubilé par le ballon rond Dieu seul sait ce qu'il peut bien se passer. S'il le faut il prépare un acte de terrorisme d'une ampleur internationale !

Réfrénant l'envie de lui faire remarquer que trois buildings moche en banlieue dublinoise n'arrivent pas a la cheville du nez de Cléopâtre ou même des Twin Towers, Deblonde, l'homme perspicace lorsqu'il est sobre, annonce a Bosco d'un air décidé :"On escortera cet agent chef...même si cela doit nous coûter la vie...

Si ça nous coûte notre place sera bien assez...songeait Bosco...peu enthousiaste a l'idée d'escorter qui que soit de plus dangereux qu'un ragondin (et encore ça mord !). Mais au nom d’une solidarité connue seuls des champions de football ou des membres de Falun gong lorsque chargent les chars Chinois sur la place Tien An Men, il se redressa comme si on lui faisait un petit lavement brusque et approuva la décision courageuse de son ami et coéquipier Deblonde :"Lorsqu'on en aura fini avec lui, il sera menotté a son bureau, rasé de près et fera des heures supplémentaires"

-"Je n'en demande pas tant mon petit ! " dit Joe Maroon, réalisant a peine que Deblonde et Bosco possèdent au moins autant de compétences a eux deux qu'un seul musicien Irlandais reconverti dans la plomberie. "Je désire juste pouvoir surveiller ses moindres faits et gestes afin de le prendre en flagrant délit... Je veux sa vie privée sur le share...Quittes à fabriquer des preuves.... On s'est compris ?»

-"5 sur 5 !" aurait répondu Deblonde si Bosco lui en avait laissé le temps.

13h40 sur Eurosport...

C'est la mi-temps. Au numéro 11 de Castleknock Grange, Aboukir Le Yacoub écrit une lettre à sa mère. Il peine, il sue et il fait des pâtés. Mais il est déterminé. Aujourd'hui ou jamais, se dit-il, crispé sur sa plume de pigeon voyageur. Il ne sait pas que c'est sa dernière chance. Il y a des limites a l'aérodynamique d'un pigeon peu a peu dépouillé de ses plumes. Il a conscience d'avoir abusé avec Rodolphe, le dernier pigeon de sa volière. Pas les ailes, s'était-il promis. Pas la queue, s’était-il juré. Que diable ! Apres la lettre a ma mère je dois rédiger ma démission, ça ne peut plus attendre.

Car Aboukir Le Yacoub n'est pas le fainéant sournois qui nourri les phantasmes paranoïaques de son patron mais juste un employé qui possède une très faible résistance aux intempéries et qui en a assez de marcher sous la pluie pour se rendre dans les bureaux de Ferox, y manger du poulet et des légumes bouillis a toutes les sauces pour rentrer chez lui alors que la nuit tombe avec l'impression frustrante d'avoir loupé le bus comme on loupe la femme de sa vie chaque jour sans le savoir. Il soupire, pense à la prochaine coupe du monde et se remet à écrire :

Chère Maman,

Tout va très bien en Irlande, Je ne manque de rien sauf d'amour et de chaleur. Je vais rentrer bientôt car mon patron me hait. Je sais qu'il m'observe à toute heure et j'ai peur.

Ton fils qui t'aime.         Aboukir.

Puis immédiatement car il va manquer d'encre et que de toute façon c'est petit une patte de pigeon :

Monsieur J.R.Maroon,

Par cette présente lettre, je vous annonce ma démission officielle qu prend acte ce jour et ce pour une durée indéterminée.

Merci pour tout. Ce fut une expérience sans égale, veuillez me croire, chacune des ampoules de mes pieds se joint a moi et suinte un remerciement qui gratte et m'irrite a être connu.

Bien a vous.                    Aboukir Le Yacoub.

Satisfait de son jeu de mot, il plie la missive avec précaution et la range dans une enveloppe kraft imperméable qu'il adresse à la compagnie Ferox. Il ira la poster demain avant de prendre l'avion pour la France.

Pendant ce temps la, sur un photocopieur kitté a ailerons, Deblonde chevauche Bosco, sans heurt pour sa virginité bien entendu et arrive tout près de la résidence du Yacoub.

Tout deux sont équipés comme lors d'une intervention du FBI vous voyez, Winchester, lances flammes et casques à la backdraft. Bosco a eu beaucoup de mal a empêcher Deblonde de s'écraser sur le liquor store du coin pour dévaliser leur stock de vodka mais n'a pas réussi a éviter qu'il glisse une flasque d'eau de vie dans la parka en peau d'ours des Pyrénées qu'il semble ne jamais quitter. Résultat Deblonde est torché comme un pollack et Bosco a peur, encore.

Ce n'est pas qu'il soit pleutre, non, mais vous seriez au commande d'une pro 416 reconvertie en deltaplane qui bourdonne avec Deblonde saoul aux commandes, ne tenteriez-vous pas de vous convertir à n'importe quelle religion qui promettrait une résurrection sans équivoque??

Eh bien Bosco, lui, agit courageusement et jeta Deblonde par dessus bord sans même sourciller ni se soucier de voir son collègue transformé en terrine de hérisson. Il empoigne les commandes, jette un oeil au compteur et se rend compte que la machine clignote, qu'un code erreur incompréhensible apparaît et il est inscrit -veuillez contacter le service clientèle sans délai-.

Décontenancé, Bosco doute un instant puis, voyant se profiler la maison du Yacoub dans son viseur en carton pâte( a ce moment précis, lecteur, il se demande si Joe R.Maroon  ne s'est pas foutu de sa gueule et ne cherche pas a se débarrasser de lui et son compère sous couvert d'une opération sans queue ni tête, mais homme pragmatique il écarte cette possibilité pour blâmer de milles millions d'imprécations ordurières qui auraient même outré les oreilles de jean marie le Pen pendant les réunions néo nazie du solstice d'hiver (et Dieu  sait qu'il en bave des saloperies ce facho), il empoigne son Nokia dernier modèle et compose le numéro qu'il ne connaît que trop.......

-Xerox Moussa, j'écoute...?

-ici Bosco, ma machine va s'écraser................................................................!

 

 

 

Chapitre 5

The cock crew, The sky was blue:

The bells in heaven Were striking eleven.

'Tis time for this poor soul To go to heaven.

                                                J.Joyce.  Ulysses

Castleknock. Dublin 15

Certains l'appellent le Beverly Hills de Dublin. A tort. Pas de plage ensoleillée, pas de mannequin en tenue légère ni d'équipes de cinéma en short.

Mais plutôt des greens boueux, des adolescentes a la dentition de biais et beaucoup, beaucoup d'étrangers au service d'entreprises multinationales.

Parmi la population de cette banlieue molle, des Allemands, Français, Danois, Suédois, Finnois, Belges, Suisses, Italiens, Espagnols, puis naturellement Anglais, Africains du Sud, et autres nationalités a l'exotisme de pacotille.

Ces immigrants rusés, au moins ceux qui ne finissent pas a tendre du papier cul et des copies de parfum dans les chiottes du Zanzibar, ont tous plusieurs points communs : Fuyant une galère dans leur pays d'origine, ils s'embarquent dans une autre des leur arrivée a l'aéroport de Dublin et finissent par oublier tout ça ensemble au pub local, en se rassurant de n'être pas les seuls a avoir fait ce choix douteux.

Il y a évidemment les heureux où qu'ils se trouvent: heureux de vivre et de respirer, s'amusant du rictus  des gens aspergés par les voitures passant a toute allure près de l'abribus qu'ils squattent depuis trop longtemps. Riant même a la face du ciel après s'être baissés pour ramasser un billet de 10 euros.

Puis il y a les autres : politiciens, pop stars voire musiciens exaltés attirés par les mélopées anciennes et les voix pures; prêtres de sectes scientistes, millénaristes, revivalistes, volontaristes, Jésus-Christ et autres arrivistes près a se remplir les poches au détriment des exilés, des crédules de toute les âmes en perdition en général...

Mais il en est un, plus heureux, plus en paix aussi dont les dons ne sont pas simulés. Dans certains pays on les nomme guérisseurs, dans d'autres rebouteux ou bien encore renoueurs comme s'il suffisait de faire des noeuds raffermir le fil de la vie lorsque il s'est trop usé.

Cet homme c'est Kader Elixir, maître du tai-chi Erythréen et héritier d'une longue tradition de guérisseur malgré eux. Des mains d'anges et un coeur d'artichaut. De la sorte d'homme qui subit son don comme une malédiction.

Au moment ou Kader rentrait chez lui après une séance de méditation, il eu une intuition soudaine.

Depuis toutes ces années passées a guérir les miséreux, les handicapés et  hypocondriaques (un bon thé en guise de placebo et hop!) il avait acquis une grande assurance vis a vis de son pouvoir qu'il dispensait avec plus de prodigalité que les prédictions de madame Soleil lorsqu'elle était toujours parmis nous ( mais après tout rien ne dit qu'elle ne tire pas les cartes à....Ayrton Senna par exemple) mais malgré tout accompagnée d'un sentiment obscur...La nuit dernière, par exemple, il avait rêvé de sa mort dans des circonstances floues..

Pendant qu'il essayait de faire disparaître ce malaise en récitant un mantra apaisant, tombait du ciel Irlandais a plus de mille kilomètres heures Deblonde, des moustiques collés aux dents, heureux car saoul (voir chap 4) et précisément a la verticale du rebouteux qui, frappé par la fatalité, eu a peine le temps de lever les yeux, ouvrir la bouche ( ce qui eu pour effet de faire briller sa dent en argent, aveuglant ainsi Bosco, 500m plus loin) pour crier quelque chose dont le son fut étouffé par la sandale crade de Deblonde plongeant, non sans une douleur inextinguible, jusqu'au fond de son gosier.

Ainsi il amortit la chute de notre héros qui ne mourut pas sur le coup.

Kader, lui ne put pas en dire autant... Cependant, son grand héroïsme et son goût pour le martyr lui donna la force nécessaire d'employer son talent une dernière fois : Il attrapa l'épaule de Deblonde et lui transmit son dernier souffle, qu'il aurait été bien incapable d'expirer avec tout un mollet fiché dans son gosier de tout manière, puis mourut en paix, un sourire un peu forcé aux lèvres.

Devant la porte de sa maison, Aboukir assista a tout cela avec un grand flegme et beaucoup de tristesse car il connaissait personnellement Kader Elixir le bien nommé qui avait soigné ses durillons une fois après le sport puis était resté pour dîner, écoutant patiemment les plaintes de son patient désabusé avant de reprendre le chemin du pub, ou l'on avait constamment besoin de lui, généralement pour de simples fracture ou un foie douloureux.

Aboukir garda son flegme car il sentait que tout autour de lui s'accélérait...Persuadé de l'imminence d'un danger pour son intégrité physique, il résolut de porter sa lettre sans plus attendre puis de se diriger vers l'aéroport.

Son intuition se révéla très juste. Sur sa droite, à 30 mètres du sol, un nabot a lunette de pilote de biplan chevauchait un engin étrange sans sembler en avoir le contrôle, il hurlait dans son portable "comment ça une manipulation??"..

En voyant cela, le sang d'Aboukir ne fit qu'un tour et il compris qu'il tenait sa seule chance de quitter le pays dès ce soir : Il se ramassa sur lui même et tel un basketteur nourri au Guronzan se projeta sur le siège passager du copieur trafiqué, assommant Bosco au passage qui s'affaissa et lâcha son portable qui éclata au sol.

Il réussi à reprendre contrôle du manche a balai et évita une collision avec Deblonde de peu.

Celui ci, de nouveau a jeun après cette chute extatique suivie d'une résurrection miraculeuse attrapa le train d'atterrissage en plein vol et s'élança vers le ciel en haute voltige, au moment ou le pauvre copieur redressait le nez.

Comme fou il hurlait "Je ne sens plus rien : ni la douleur, ni la peur, je suis devenu invincible, Je suis venu puis devenu la pierre de granit qui se fend lorsqu'on la heurte, plus rapide que l'aigle poursuivant sa proie et siffle lorsqu'il la happe ! Je suis devenu les éléments et les éléments m'obéissent. Je suis la foudre, le feu, la folie qui déferle sur tes fils dans leur cité et embrase leurs récoltes. Je suis le fléau fatidique et j'ai FAIM !!!

Aboukir : qu'est ce qui raconte celui la ?  Hey Passe-partout réveille toi… Fais taire ton pote la... il attire l'attention...je veux pas qu'on me repère...Vas-y réveille toi... J ai une lettre a poster...Direction la compagnie Ferox mon ami... Je vais rendre mon tablier au boss en personne... Tu vas voir... On va tout casser moi et ton pote la... il a l'air en forme… il marche a quoi...je veut la même chose...

Le soleil se couchait en Irlande et le pourpre doré du ciel et du soleil conjugués s'étalait comme sur une toile fraîche...

Joe R. Maroon contemplait ce même ciel avec délectation, heureux de s'être débarrassé de trois crétins en même temps.

D'une pierre trois coups comme on dit ... et quel coup... seul un génie de son envergure aurait pu concocter un plan si machiavélique...

Le sourire énorme qu'il arborait se figea soudainement. En contre jour du soleil orangé, une tache noire grandissait a l'oeil nu... On aurait dit une machine volante...................

 

 

Chapitre final

They're gonna clear out the studio
They're gonna tear down all the . . .
They're gonna whip down all the . . .
They're gonna sweep out all the . . .
They're gonna pay off all the . . .
(Oh, yeah!)

And then . .  . . . .

                                    F.Z

Au hasard des écoutes…

-         Baissez-vous, jetez un coup d’œil à l’intérieur et dites moi ce que vous voyez !

-         Ben ….C’est tout noir, c’est sale !

-         Essayez d’y mettre les doigts…..sans vous tacher. En haut il y a un petit bouton rouge, vous le voyez ?

-         Heu…..non, j’ose pas, y en a partout. Ecoutez …..vous pouvez m’envoyer quelqu’un ? Ca fait bien trop longtemps que j’ai pas vu qui que ce soit pour ….comment dire s’occuper de ma machine.

-         Bon . . . ok . . . quand vous tirez, vous avez des taches ?

-         Oui ! Et ça bave . . . C’est moche.

-         En effet,…. l’intervention d’un spécialiste semble impérative, voire urgente. Ne serait-ce que pour faire un petit entretien.

-         Et il va falloir me mettre une nouvelle cartouche aussi hein ?

-         Comme vous voulez, je vous envoie un pro qui va vous vous mettre une bonne . . . . une nouvelle cartouche . . . d’encre, ça vous va ?

-         Oh oui merci infiniment !

-         C’est normal, je sais ce que c’est les vieilles machines : c’est du solide mais ça s’encrasse vite. Sur ce, je vous souhaite une excellente fin de journée. Bonjour chez vous !

Dans un récit de ce type, incongru, certes, mais a forte portée humoristique, il arrive toujours un moment ou l’on se sent le devoir de raccommoder les dignités froissées, de faire justice en quelque sorte.

Faire justice a la verte Irlande par exemple, a sa banlieue encore sans soucis mais aussi a la compagnie Ferox, pourvoyeuse d’emplois si consciencieuse qu’elle est prête a falsifier ses comptes pour continuer a embaucher de façon agressive.

Il paraîtrait que des bouleversement aux plus hauts échelons seraient a l’origine de cette politique suicidaire pourtant reprouvée par les plus intègres représentant de l’ordre mondial et de la transparence des affaires tel Georges W. Bush.

Mais fi des ragots scandaleux !

Place a l’aventure et a sa narration excentrique et peut-être seront dénoués certains mystères, peut être même, soyons fous, lumière sera faite sur les zones d’ombres, ellipses commodes de fin de chapitres qui vous on fait douter du reel talent du narrateur qui, dans sa largesse, vous a déjà pardonné.

Killibegs, Donegal, 17h30.

Le soleil disparaît lentement derrière les collines et irradie l’ouest de la petite ville d’un éclat orangé a peine filtré par les nuages, peu nombreux pour cette journée de décembre.

Sur les quais du port de pêche, un des plus importants d’Irlande, une belle journée s’achève pour deux promeneurs, le regard fixé sur la baie étalée devant eux.

D’un pas tranquille, ils se dirigent vers le Cope House, Ships Inn afin d’y déguster du poisson péché par le Veronica, véritable bateau usine appartenant au propriétaire du Pub.

Ceci assure une grande fraîcheur aux produits que dégustent les clients et c’est dans une chaleureuse atmosphère aux motifs marins : cuivres, hublots et ancres de bateaux qui ornent ce bel établissement que les deux promeneurs viennent choisir une table avec vue sur le port qu’ils viennent de quitter.

Ce sont Bosco et Deblonde.

L’Entretien d embauche

Bosco : Amusant… (se servant une copieuse cuillerée de sauce rouille) Rien n’a changé.

Deblonde : A part nous !

Bosco : Oh ! Si peu…..quelques kilos, deux ou trois rides…

Deblonde : Ma tonsure s’est élargie …(ému) Je me souvient encore de ma tête de jeune premier malgré mon penchant pour la bouteille…J’avais fière allure.

Bosco : Moi j’avais encore l’accent lorsque je suis arrivé à Dublin…et des pectoraux, bonne mère !

Deblonde : Tu aurais vu l’impression que j’ai fait à la responsable de l’embauche, à l’époque, pendant l’entretien. J’avais volé un vélo pour m’y rendre… (soupirs)

Bellypoilu Business Park - Ferox Company

Bureau des ressources humaines 14h30 (way back along time ago)

Un bureau comme les autres. Sinistre, plastifié mais impeccablement ordonné.

A l’intérieur Ceilinn O’Bert transpire, mais grâce aux miracles que les savants de la cosmétique ont mis au service de la gente féminine, cela ne se voit pas, ni ne se sent.

Patiemment, elle trie ses dossiers. Plus qu’une, se dit-elle, et j’en ai fini.

De toute façon, j’en ai assez vu. Six nouvelles recrues pour remplacer au pied levé les six employés mystérieusement disparus du mois dernier. :

Le premier, Moustapha Sadik, avec son regard de pervers métamorphe et son attitude de dragueur sûr de lui était parfait….S’il venait a manquer personne ne voudrait croire qu’on ai jamais pu l’embaucher pour autre chose que rabatteur a Pigalle.

Le second avait l’air vain des beaux parleurs du sud de la France. D’ailleurs elle se flattait d’avoir percé a jour son petit jeu d’intello-bouquin-sous-le-bras ouvert toujours a la même page : Olivier Socrates…Non mais quel nom je t’assure…lui semblait naïf et lâche et malgré quelques sourires sirupeux il ne lui avait fait ni chaud ni froid . . . je crois.

Qui d’autre déjà ?

Aboukir Le Yacoub, un drole d’oiseau ; Sofia Laripolle, une nunuche de première aux yeux de merlan frits ; Rascal Vibien, il portait bien son nom celui là… tout droit sorti de Woodstock…cheveux long et idées courtes comme disait mon idole….

Et pour finir Florian Bosco qui lui avait été recommandé par un ami trapéziste.

Celui-ci devait avoir des connexions haut placées !

Donc j’expédie cette Deblonde et je file au pub.

Ceilinn n’eut pas plus tôt fini de dire « pub » que Deblonde déboule dans le bureau sans même frapper, infestant instantanément l’atmosphère d’un relent de sueur presque lacrymogène.

Elle réprime un haut le cœur puis se reprend..

Elle jette un coup d’oeil à la bosse qui orne l’entrejambe de notre héros avant de lancer d’un air hésitant :

- Heueueu..  .. Julie Deblonde ?

Ok faute de frappe, se dit elle, autant pour moi.

- Lui même.

- Asseyez vous… on ne vous a jamais appris a frapper avant d’entrer ?

Julien a un doute… Il gratte nonchalamment son cycliste qui l’irrites puis chasse de son esprit imbibé les derniers restes d’une vague culpabilité.

Un petit test d’avant garde pour me déstabiliser…très bien.

- j’ai grandi aux milieu des loups, vous savez, donc je ne possède que des rudiments de politesse, par contre je suis un fin limier… j’ai du flair si vous voyez ce que je veut dire..

- Je crois oui… un fou… c’est un fou… Sinon vous pensez avoir les qualifications nécessaires pour le poste proposé ?

- Tout a fait. . . D’ailleurs sans les connaître je pense pouvoir les deviner, cela vous donnera une idée de mon grand pouvoir de déduction . . . mmmh. . .

Vous êtes a la recherche de personne sans attaches, possédant une grande capacité d’adaptation mais sans trop d’amour propre. Tout cela pour pouvoir leur formater l’esprit a l’envi afin de remplacer toutes leurs précieuses connaissances –pratiquement inexistantes dans mon cas, je vous rassure - par des codes et autres abréviations sans aucune valeur hors de l’entreprise. Alors ?

- En effet . . . vous semblez très au fait des techniques de management de centres d’appels…nous même sommes a la pointe de la technologie et un Cérébral Washing Center est a la disposition de ceux qui se sentent encore trop chargés d’émotions, de scrupules voire d’originalité.

 Il lui vient une idée.

- Vous avez l’expérience du travail d’équipe ?

- Oui j’ai travaillé comme masseur-acuponcteur chez Festina, vous savez dans le monde du cyclisme il faut se serrer les coudes avant la course, au propre comme au figuré.

Il la gratifie d’un clin d’œil de connivence sans effet sur la maline Ceilinn qui se dit : Joe cherchais quelqu’un d’intuitif et de perspicace pour résoudre le mystère des employés disparus et assassinés… il fera l’affaire..

- Bien vous êtes engagé ! Présentez vous demain et remettez cette enveloppe à l’accueil. On vous bandera les yeux et on vous présentera au boss Joe R.  Maroon.

Jaunisse et Rivalité

Bosco : Oui, je me souviens de Ceilinn… Cela dit j’ai toujours trouvé qu’elle tenait plus de la crêpe bretonne que du pan cake.

Deblonde : Je suis sûr que j’avais mes chances avec elle, d’ailleurs j’étais son chouchou. Jusqu’à ce qu’on soit affectés au GDF… tu te souviens ?

Bosco : Un peu que j’me souviens….

Assis a son bureau qui fait face a la fenêtre, Moustapha déchiquète méticuleusement son dernier stylo Bic en s’aidant de ses dents. Il est très en colère.

Une colère froide et implacable.

Apres tout ces mois à trimer Férox, son plan est prêt.